"Violences" - Présentation théâtre - CPES (classe prépa)

"Le théâtre reste le seul lieu possible du verbe"
Didier Georges Gabily

Après avoir monté Evènement(s) en 2015 avec deux groupes de nos élèves au théâtre des Cordes et Gibiers du Temps au Studio 24 en 2021 avec les cycles 3, cette année encore je souhaite, avec Violences (un dyptique), confronter les étudiants de notre nouvelle CPES à la force de cette écriture pour le plateau, à la puissance poétique de cette langue, écrite pour et par la chair et la voix des acteurs. 
Ce qui fut le centre du rapport de Didier-Georges Gabily au monde. 
Ceci dans une sorte de continuité lointaine de son passage sur ce territoire, puisque nous fûmes en résidence en décembre 1994 à La Comédie de Caen, dont Michel Dubois était le directeur, au moment de l'écriture de Gibiers Du Temps-deuxième époque. Nous avions ouvert notre aventure sur le plateau d'Hérouville avec une mise en espace pour cette occasion de son roman Physiologie d'un Accouplement. Et Didier fut également, au TNB, un des pédagogues des jeunes Marcial di Fonzo Bo et Élise Vigier…
J’ai travaillé huit années avec lui au sein du groupe T'chan'G! jusqu'à sa mort soudaine en 1996 lorsque nous répétions son diptyque Don Juan/ Chimères au théâtre Nanterre-Amandiers, et je n’ai de cesse de transmettre cette expérience faite d’exigence, de vie et de poésie …

De quoi s’agit-il:

"Parler de ce qui unit les deux panneaux du diptyque: un séducteur – un mort –; un enfant – idem – ; une famille – éparpillée – d'Atrides – fatigués-; une enquête – foireuse – etc. Dire ce qui les sépare d'espace, de temps, de lieu, d'histoire.
"Corps et Tentations" : campagne et gendarmerie, France profonde. "Ames et Demeures" : ville et corps urbain, modernité en veux-tu en voilà. 
Ou : “c'est une histoire de moeurs, alors, s'il y a la police ?” ... Ça ne l'est pas.

Qu'on imagine un charnier découvert dans une propriété isolée de Normandie - c'est-à-dire, où l'on voudrait - grâce au témoignage d'une jeune fille passablement perturbée et devenue presque aphasique… ce pourrait être un de ces faits divers qui font la une et le menu principal de certains journaux. Prétexte, ici, sous couvert d'une pseudo-reconstitution judiciaire, à la représentation, au propre comme au figuré, d'une Famille d'Enfer - et de (soi-disant) peu de vraisemblance ; famille que l'on placera sous les auspices des rituels antiques (ou du moins de ce qu'il en reste) en la confrontant chaudement à tous les désagréments de la Loi Vendettale : ainsi le meurtre d'un " étranger séducteur ", ainsi l'exclusion des membres fautifs, ainsi l'inévitable retour du refoulé, en l'état : un enfant, né de la faute successive et commune des trois filles de la maison. Où l'on verra comment le cadavre du séducteur, pourtant dûment châtié, continue à faire des ravages”
D.G. Gabily